En septembre, en Erythrée

En septembre, en Erythrée

Début du mois de septembre, en Érythrée signifie plusieurs choses. La saison humide et pluvieuse de l’été (keremti) touche à sa fin et laisse place à la saison des récoltes (quewi). La campagne et les montagnes seront bientôt recouvertes de feuilles vertes et parsemées d’embaba (fleurs) colorées. Les fruits beles, juteux et délicieux, se trouveront à chaque coin de rue. Les fêtes Yohannes et Meskel arrivent!

Ce qui rend en plus de cette période particulièrement importante en Érythrée, c’est qu’elle marque l’anniversaire du début de la longue et âpre lutte armée pour l’indépendance de la nation. Bahti Meskerem, ou 1er septembre, est une fête nationale et une occasion empreinte d’un profond patriotisme et d’une grande fierté. C’est l’un des jours les plus importants du calendrier annuel pour tous les Érythréens. Pour les Érythréens, c’est une occasion importante de réfléchir. Quels que soient leur âge, leur sexe, leur origine ethnique, leur religion ou toute autre distinction. Se souvenir des contributions monumentales, des immenses sacrifices et des exploits héroïques de tant de personnes qui ont permis de réaliser ce qui a longtemps semblé très improbable : la défaite de l’armée la plus importante et la mieux équipée d’Afrique et l’obtention de l’indépendance.

Le 1er septembre 1961, le mouvement d’indépendance érythréen est passé des manifestations de rue, de la non-violence et de la protestation pacifique à la résistance active et armée. Des années auparavant, le 20 septembre 1949, l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) avait décidé d’envoyer une deuxième commission d’enquête en Érythrée afin d’étudier une éventuelle “solution [au] problème de l’Érythrée”. Dans le rapport ultérieur de la délégation sur sa visite dans le pays, Sir Zafrulla, le représentant pakistanais, met en garde : “Une Érythrée indépendante serait évidemment mieux à même de contribuer au maintien de la paix (et de la sécurité) qu’une Érythrée fédérée à l’Éthiopie contre la volonté réelle du peuple. Refuser au peuple érythréen son droit élémentaire à l’indépendance reviendrait à semer les graines de la discorde et à créer une menace dans cette région sensible du Moyen-Orient.” Ces paroles allaient s’avérer hautement prophétiques. Après un long processus international visant à élaborer une solution appropriée à la question de l’Érythrée, le 2 décembre 1950, la résolution 390 (V) des Nations unies est adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies. La résolution 390 (V), soutenue et parrainée par les États-Unis, éteint les espoirs et les aspirations des Érythréens à l’indépendance, fédérant l’Érythrée à l’Éthiopie en tant qu'”unité autonome … sous la souveraineté de la Couronne éthiopienne”.

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